mardi 29 novembre 2011

Hammam Bouquet, Penhaligon's.

Après une période intense d'envoi de cvs à tout va, et une bonne crève qui m'a privée d'odorat affûté pendant presque dix jours, je peux enfin reprendre la plume, pour vous parler d'un parfum que je trouve d'une belle richesse: Hammam Bouquet de Penhaligon's

Bon, je n'ai certes toujours pas retrouvé de réel emploi intéressant depuis, mais mon nez, lui, a été séduit par cette rose turque opulente, sur fond ambré et boisé.  Premier parfum de la prestigieuse maison anglaise, créé en 1872 en hommage aux bains turcs, Hammam Bouquet se destine d'abord aux hommes, bien qu'aujourd'hui il me semble qu'il puisse être tout à fait  mixte. 


Avec quelques notes arômatiques,  en tête, qui évoquent l'ambiance du barbier, Hammam Bouquet se pare d'entrée de jeu d'une rose turque, aux accents un peu citronnés et acides en tête, bien que fugaces.  C'est ensuite une rose opulente et imposante qui se déploie sur peau,  généreuse, veloutée,  intense, légèrement relevée de notes épicées.  Autour de la rose s'articulent des fleurs blanches, plus discrètes, notamment du jasmin, et peut-être un soupçon de fleur d'oranger, qui dotent la fragrance d'une belle densité.

Le fond s'achève sur des notes ambrées, (vanille mais peut-être aussi labdanum, apportant une légère touche animale), et boisées, parmi lesquelles dominent le santal, qui vient adoucir la composition. Il me semble également y percevoir un effet mousse de chène, (sans doute plutôt de l'évernyl au vu des restrictions actuelles), aux inflexions à la fois un peu vintages et animales, donnant  ainsi de la texture et du corps au parfum.  L'effet d'ensemble est à la fois classique, ancien , mais aussi charnel, je pense d'ailleurs qu'à l'origine les notes de fond devaient contenir de la civette, certainement aujourd'hui remplacée par une matière synthétique aux effets approchants.

Je ne sais pas si cet Hammam Bouquet est un parfum que je porterais,  (la rose, lorsqu'elle est trop présente dans une composition, a tendance à m'envahir), mais je lui trouve un charme aussi bien désuet que profond, propre aux grands parfums  anciens qui, s'ils traversent les décennies,  gardent  une âme particulière, un côté "rétro" mais aussi sensuel, parce la richesse des matières premières les font vivre et vibrer sur peau.  (J'imagine bien sûr, que depuis 1872, le parfum a dû être reformulé, mais on y décèle une volonté particulière de maintenir celui-ci dans un effet de tradition).



2 commentaires:

Laurent Husser a dit…

Je suis content de lire un billet sur ce curieux parfum, qui fait très vieux beau disons le (mais c'est un compliment ici, un peu comme Mouchoir de Monsieur de Guerlain, que je porte plus souvent et que j'aime beaucoup plus). Quand on sait que c'était un des parfums de Luchino Visconti, on saisit mieux l'ensemble...
Je le porte quelquefois, mais c'est délicat disons le, sa rose a tendance à virer un peu durant la journée (mais je crois que tout parfum à la rose sur moi a cet effet, celle de Malle aussi hélas) et mon entourage professionnel n'est guère sensible à cette vénérable antiquité qui mérite pourtant d'être portée assurément à des moments choisis.
En tout cas en hiver, c'est un parfum hors du temps et hors mode.
Osons le mot, il est "dandy", même si ce terme est trop galvaudé et que le porter ne donne pas forcément cette étiquette. Cela donne un peu l'impression d'un monsieur très chic, assis dans son fauteuil en costume et avec un Marcel Proust ou un Oscar Wilde en mains.
Vous l'aurez compris, c'est un parfum qui fait belle figure parmi mes flacons, que j'ai plaisir à utiliser rarement mais avec l'idée un peu perverse de remonter le temps et de penser à toutes les références que j'ai cité plus haut...

soph a dit…

Comme je vous comprends, ce parfum ne doit pas forcément être facile à assumer, aujourd'hui, vu les codes actuels , d'autant plus qu'il est puissant, mais je trouve que c'est un beau parfum, quand on le sent , ons e dit, "oui, là il se passe quelque chose".